Alimentation, Santé et Reproduction

Alimentation, Santé et Reproduction



Une alimentation correcte
Les maladies
La ponte
Développement et éclosion
Elever des bébés tortues
Taille, croissance et espérance de vie





























































































































































































































































































































































































































Une alimentation correcte

Au lieu des dents, les tortues possèdent des étuis cornés. Ceux-ci peuvent être lisses, dentelés ou munis d'excroissances recourbées, qui permettent aux espèces carnassières de maintenir et de dépecer leurs proies, aux herbivores de déchirer les plantes. Les tortues herbivores ont généralement les machoires dentelées.
Comme elles n'ont pas de lèvres mobiles, les tortues doivent plonger la tête dans l'eau pour boire : l'eau doit donc être suffisamment profonde. Les mouvements d'aspiration sont bien visibles au niveau du cou.

Les tortues mordent dans les gros aliments ou tentent de les déchirer en s'aidant des griffes et des pattes antérieures puissantes. Les morceaux ne sont pas mâchés, mais écrasés dans le gosier et abondamment enduis de salive pour faciliter la déglutition, à laquelle participe la langue épaisse. Les tortues des régions arides sont principalement végétariennes, les espèces tropicales se nourrissent de fruits et de proies animales.

Dans leur milieu naturel, les espèces du genre Testudo, qui vivent dans le Bassin Méditerranéen et dans le Caucase, se nourrissent de 40 à 50 espèces végétales différentes, sous forme variable selon la saison.

Au printemps, les jeunes pousses et fleurs sont très protéiques et pauvres en fibres. A mesure que l'été approche, les plantes croissent : elles contiennent moins d'eau et de protéines, mais plus de fibres, et le rapport calcium/phosphore se modifie en faveur du calcium. Les plantes consommées à cette période sont des fleurs et des plantes de prairie, ainsi que des légumineuses et des feuilles d'arbrisseaux et de grandes vivaces.

En automne, les tortues se gavent de poires, de figues, de baies de troène et de mûres. Elles ont plus rarement l'occasion de capture des vers, des escargots, des insectes, des araignées et autres animaux du sol, mais elles le font volontiers. Enfin il leur arrive souvent de manger des crottes de mammifères, comme les chèvres ou les moutons.

Pour digérer, les tortues herbivores ont besoin d'une température corporelle plus élevée que le carnivores. La dégradation et l'absorption des matières végétales dans le tube digestif nécessitent beaucoup de travail et d'énergie. C'est pourquoi le tube digestif des herbivores est beaucoup plus long que celui des carnivores. Les herbivores mangent moins mais plus souvent, et la digestion dure plus lontemps - deux bonnes semaines chez les tortues terrestres.

Alimentation végétale

Les tortues doivent pouvoir manger des fruits frais de temps en temps
Mimi et Griffon se font un festin
Les aliments non naturels - pâtes, riz, aliments pour chiens et chats (et particulièrement ceux en boîte) - sont totalement inadaptés aux tortues. La nourriture en boîte est trop riche en protéines. On ne doit l'utiliser que comme complément occasionnel, mais il est préférable de s'en passer. Après avoir longtemps ingéré une alimentation trop riche en protéines, plus difficile à digérer, les tortues ne parviennent plus à excréter l'excédent d'acide urique - issu de la dégradation des protéines. Cela provoque un dysfonctionnement rénal et des dépôts d'acide urique au niveau des articulations, déclencheurs de rhumatismes.

Les tortues terrestres préfèrent les aliments naturels. Il est donc préférable de favoriser ou de semer dans la pelouse les plantes sauvages dont elles ont besoin, ou de les cueillir si les torutes vivent à l'intérieur.
Les salades provenant de maraîchages intensifs sont à éviter, car elles subissent divers traitements par des pesticides. Choisissez de préférence des salades de cultures biologiques.

D'une manière générale, la plupart des légumes et des fruits contiennent trop d'eau et leur ingestion trop fréquente provoque des diarrhées parfois fatales. Ils sont donc à limiter. La chicorée, l'épinard et l'oseille sont encore moins conseillés, à cause de leur forte teneur en acide oxalique. Quant aux produits laitiers, ils sont à proscrire. De même, les tortues nourries de pain trempé dans du lait y prennent goût et ne mangent rien d'autre, ce qui entraîne de graves carences.

Les plantes sauvages cueillies à l'écart des routes passantes ou que l'on cultive soi-même sont beaucoup plus appropriées. Celles qui conviennent le mieux sont le cresson, le pissenlit, l'amaranthe, la chicorée sauvage, la mauve, l'ortie, le sainfoin et les différents trèfles (rouge, blanc et violet). Certaines plantes cultivées (sans traitement!) feront aussi l'affaire (feuilles de betteraves, feuilles de choux, endives, figues fraîches, luzerne, persil).

Dès la fin juin, il faut donner aux tortues des aliments plus riche en fibres: plantain, cirses, graminées et opuntias (ou figuier de barbarie. A mesure que l'été approche, on apporte de plus en plus de foin. Cette façon d'alimenter les tortues, plus naturelle, se traduit par une diminution d'eau dans la quantité des aliments : il est donc important que les tortues disposent d'un lieu de repos où le sol est frais. A cette époque, les tortues ne doivent pas être hébergées dans un abri sec, au sol couvert de sciure ou de paille, au risque de se déshydrater. En cas de doute, on peut leur donner la possibilité de se baigner.

Toutes les deux semaines environ, on complète avec des carottes, des melons et des tomates, en complément seulement, car leur apport calcium/phosphore est trop faible pour en faire un bon aliment principal.




De la salade, des tomates, des abricots pour Mimi et Griffon

Nourrir ses tortues : combien et quand ?

Tête de tortue
Dans un grand enclos, on ne nourrira ses tortues que de loin en loin, en complément des plantes qui poussent dans le jardin. La recherche de nourriture tient une place importante dans la vie des tortues. Manger régulièrement à une heure donnée de la journée entraîne un manque d'exercice et d'entrain. Mais dans les petits enclos, et plus encore, dans les terrariums, il y a peu ou pas de végétation. Les animaux doivent être nourris par nos soins.

Hors préparation à l'hibernation, les tortues doivent manger tous les jours, sans excès : une tortue mange quotidiennement environ 5 à 10 % de son poids, moins si son enclos ne lui permet pas d'exercice physique. Dans la pratique, la plupart des tortues captives sont trop nourries.

Les plantes sauvages doivent représenter 90 % de leur nourriture. Il est préférable de ne pas diposer la nourriture toujours au même endroit, mais de la répartir dans l'enclos le matin, après le bain de soleil, et en fin d'après-midi. Cela ne pose aucun problème d'hygiène : les restes de végétaux verts flétrissent mais ne moisissent pas, à condition de les déposer dans des lieux secs, sans les plaquer contre le sol. Les fruits occasionnels seront posés sur des dalles en pierre, que l'on nettoiera ensuite.

Les maladies

Même les tortues sauvages peuvent être porteuses de parasites, qu'il s'agisse de parasites externes comme les tiques et les acariens, ou des parasites internes, généralement intestinaux, comme les vers, les amibes ou les salmonelles.
Dans leur intérêt, les tortues ne doivent pas être retirées durablement de leur enclos, ni être caressées et encore moins servir de peluches vivantes. Les enfants ne doivent pas observer les tortues sans surveillance, car ils ne font pas toujours la différence entre "saisir" et "serrer". Il faut également penser à la santé des enfants et leur faire prendre l'habitude, de se laver les mains après chaque contact.
Le meilleur moyen de surveiller la santé de vos tortues est d'observer régulièrement leur comportement et leurs excréments.

A surveiller :
  • Les yeux doivent être clairs, bien ouverts et saillants ; jamais collés, larmoyants, ni rentrés.
  • Le museau doit être propre, la langue rose-rouge ; la tortue ne doit pas l'ouvrir pour respirer, il ne doit pas y avoir ni écume, ni souillure.
  • Les narines doivent être sèches, non obstruées et bien visibles ; jamais bouchées, humides ou souillées de secrétions nasales.
  • Les excréments doivent être sombres et fermes (crottes) ou blanchâtres et grumeleuses (cristaux d'acide urique) ; jamais molles ou liquides (diarrhée).

Les animaux présentant des symptômes de maladie doivent être séparés des autres, gardés au chaud et baignés souvent. Si leur état ne s'améliore pas au bout de quelques jours, il faut s'adresser à un vétérinaire compétant.

La ponte

A contre-jour, à l'aide d'un mire-oeuf,
on constate que cet oeuf contient des jumeaux.
En juin tout particulièrement, il faut garder un oeil sur les femelles si l'on veut pouvoir observer la ponte et récupérer les oeufs juste après.
Entre la ponte et l'éclosion des oeufs, il reste un long chemin à parcourir; Mais la ponte en elle-même est un signe que le bien-être des tortues est respecté.

La fécondation et le développement des oeufs dans l'utérus de la femelle, qui dure de 6 à 8 semaines, exigent des températures élevées rarement atteintes au printemps en Europe tempérée, à l'exception du Midi de la France. Résultat, les tortues ne pondent pas ou les oeufs ne sont pas fécondés. Les tortues trouveront les températures adéquates dans une serre à tortues. De cette manière, on peut espérer obtenir des pontes régulières et un pourcentage élevé d'oeufs fécondés.

Les mâles du genre Testudo atteignent leur maturité sexuelle vers 5 ans (longueur de la carapace : 11-13 cm), les femelles vers 10 à 14 ans (longueur de la carapace : 14-1- cm). Les premiers oeufs qu'elles pondent, généralement au nombre de 2 ou 3 seulement, sont souvent non fécondés. Les femelles adultes pondent 5 à 10 oeufs (18 au maximum) vers la fin Mai. Un tiers d'entre elles pondent une seconde fois environ un mois plus tard, et environ 5 % pondent une troisième fois en juillet.
Tortue en train de pondre
Une fois les oeufs pondus, la femelle les recouvre de terre
Oeufs de gauche à droite :
Tortue bordée (Testudo Marginata) ; Tortue Levantine (Testudo graeca ibera) ; Tortue d'Hermann (Testudi Hermannii) 
Quelques jours avant la ponte, les femelles cessent pratiquement de se nourrir et tournent en tous sens, flairent le sol et grattent parfois la terre avec les pattes antérieures. Souvent, elles creusent quelques trous pour évaluer le sol, puis les abandonnent. Autre signe indubitable de la ponte approchante, les femelles manisfestent un comportement territorial soudain. Elles se comportent alors à la manière des mâles, chevauchent des congénères et simulent des accouplements.

Profitant d'une période de beau temps, la femelle creuse le matin, parfois plus tard, un trou de 6 à 10 cm de profondeur (suivant sa taille). Celui-ci est situé sur une pente sablonneuse à végétation clairsemée, orientée au sud ou au sud-est. Elle y pond un oeuf toutes les cinq minutes environ, puis recouvre le trou avec la terre déblayée, en s'aidant de ses pattes postérieures.
L'opération dure au total 1h30 à 2h30. Puis la femelle épuisée, quitte les lieux et se repose à l'ombre. Dans les jours qui suivent, elle se nourrit à nouveau afin de compenser les pertes d'énergie et de nutriments.

Développement et éclosion

Dans la terre, les oeufs sont livrés à eux-mêmes, ainsi qu'à la chaleur et à l'humidité du sol. On ne connaît pas de soins rudimentaires, en l'occurrence la surveillance du nid, que chez la Tortue brune de Birmanie. Dans la nature, beaucoup d'oeufs de tortues sont dévorés par les petits mammifères, les oiseaux, les lézards et les serpents.

En dehors du Midi de la France, il fait généralement trop frais en Europe Occidentale pour que les oeufs parviennent à éclore dans le sol. Il faut donc les déterrer soigneusement à l'aide d'une cuillère et les marquer aussitôt d'un signe sur le point le plus élevé. Attention à ne pas les retourner : environ un jour après la ponte, le jaune, plus lourd, se déplace vers le bas, repoussant le blanc et le germe vers le haut. Retourner l'oeuf provoque la mort du germe. Les oeufs sont ensuite déposés dans un récipient, puis on les entoure complètement avec le substrat d'origine, un mélange de terre et de sable. Les oeufs fécondés prennent une coloration blanche, restent lourds et  inodores. Les oeufs non fécondés prennent une coloration sombre au bout de quelques semaines et perdent du poids.

Les facteurs décisifs pour le développement de l'embryon sont la température du substrat, qui dépend de la température ambiante, et son humidité, conditionnée par l'humidité de l'air. Les oeufs des tortues de milieux steppiques ou désertiques incubent au sec ; pour les espèces européennes, l'humidité d'un jardin d'hiver garni de plantes suffit. Les espèces des régions tropicales humides ont besoin d'une humidité élevée pendant quelque temps ; l'éclosion est inhibée pendant la saison sèche (estivation embryonnaire), elle sera déclenchée par le retour de la saison des pluies.

La température du substrat ne détermine pas seulement la vitesse du développement, mais aussi le sexe des animaux. Les tortues ne possèdent pas de chromosomes sexuels. La différenciation sexuelle a lieu à la fin du premier tiers et au début du second tiers de l'incubation. A une température moyenne de 30 °C, celle-ci dure 72 jours chez la Tortue des Steppes (Testudo Horsfieldii), 70 jours chez la Tortue Levantine (Testudo graeca ibera) et la Tortue Bordée (Testudo Marginata), 65 jours chez la Tortue d'Hermann orientale (Testudo Hermanni boettgeri). C'est à dire que, chez ces espèces, le sexe est déterminé entre le 20ème et le 30ème jour d'incubation. Si la températue du substrat est inférieure à 30 °C, il ne naît que des mâles ; à 32 ou 33 °C, les individus sont majoritairement, voire exclusivement des femelles ; à 31,5 °C, les sexes sont équilibrés. En dessous de 24 °C et au-dessus de 35 °C, les embryons meurent. A une température constante de 25 °C naissent des jeunes affaiblis. Chez la Tortue Mauresque (Testudo graeca graeca), il ne naît quasiment que des mâles jusqu'à 30 °C et presque exclusivement des femelles à partir de 31 °C.

Incubation artificielle

Les températures nécessaires à l'incubation ne doivent pas être obtenues à l'aide de lampes à rayonnement ou d'un chauffage par le sol, qui dessécheraient le substrat. Si l'on ne peut pas obtenir ces températures dans une pièce, il faut utiliser un incubateur.

On peut l'acheter ou le construire soi-même. Le système le plus courant est l'incubateur à bain-marie. On remplit un aquarium de 10 cm d'eau que l'on réchauffe à l'aide d'une résistance pour aquarium. Au-dessus, on dépose le récipient contenant le substrat et les oeufs et l'on règle la température en fonction du sexe que l'on souhaite obtenir. L'incubateur est couvert d'une vitre en verre peu épaisse et installé dans une pièce à température constante (24 °C environ), afin d'éviter que l'eau ne condense sur la vitre et que des gouttes ne retombent sur les oeufs. On mesurera la température à l'aide d'un thermomètre.

La température d'incubation est réglée en fonction du ratio mâles-femelles que l'on souhaite ; on la règlera entre 28 et 32 °C, selon les cas. L'humidité de l'air dans l'incubateur doit atteindre 70-80 %. Au 55ème jour, il est conseillé de brumiser les oeufs afin de favoriser l'éclosion.

Un mire-oeuf (dispositif d'éclairage qui permet d'observer les oeufs à contre-jour) vous permettra de savoir si les oeufs sont ou non fécondés : un oeuf clair devra être éliminé rapidement (risque de pourriture et de contagion). Les oeufs fécondés présentent une tâche sombre plus ou moins étendue et ramifiée.
Schéma d'un incubateur à bricoler soi-même
1. eau
2. récipient en terre cuite non vernie
3. substrat
4. air chaud
5. thermomètre
6. résistance électrique

L'éclosion

L'éclosion n'est pas toujours annoncée par des signes avant-coureurs visibles. Vers le 60ème jour d'incubation, on vérifie les oeufs, jusqu'à ce que l'on constate un mouvement ou une fêlure. Pour observer l'éclosion, qui dure parfois plusieurs jours, il faut dégager l'oeuf à peu près à la moitié de sa hauteur. La jeune tortue déchire d'abord la membrane coquillère avec sa "dent de l'oeuf", une excroissance cornée pointue située en dessous des narines, puis brise la coquille avec celle-ci et les pattes avant. Elle agrandit ensuite l'ouverture avec sa tête et ses pattes et se retourne dans l'oeuf.

Enfin, la coquille est si fendue qu'une ouverture suffisamment grande apparaît ou qu'elle se casse en deux. Souvent, l'animal possède encore un sac vitellin de la taille d'un petit pois - d'une cerise dans le genre Geochelone - qui peut gêner les mouvement du nouveau-né. C'est pourquoi celui-ci reste souvent 1 à 3 jours dans la coquille, la tête généralement tournée vers la partie intacte de l'oeuf.

Souvent, les jeunes sont couchés de travers dans l'oeuf et étirent leur carapace dans les premiers jours. Cela se voit bien chez la Tortue des Steppes. Celle-ci pond de gros oeufs allongés, à l'intérieur desquels les jeunes sont allongés en travers. Après l'éclosion, la carapace paraît plus large que longue. La tortue peut ainsi quitter plus facilement l'oeuf - après que le sac vitellin se soit rétracté dans l'abdomen - et creuser vers la surface du substrat.

Si l'oeuf est pondu fin mai, l'éclosion se produit vers début août - en septembre pour les pontes tardives. Les jeunes tortues recherchent un abri, en général un lieu couvert de végétation. Elles y passent tout l'automne et ne s'exposent que de temps à autre au soleil moins chaud du matin et de l'après-midi. Elles se déplacent peu, car cela ne ferait qu'attirer l'attention des prédateurs. Elles ne quittent leur abri que quand le temps se rafraîchit, vers le milieu de l'automne, pour retourner sur leur lieu de naissance et s'enfouir dans le sol. A cause de leur mode de vie discret, il est très rare d'observer de jeunes tortues dans la nature.
Eclosion de jeunes tortues Levantines

Elever des bébés tortues

Les jeunes tortues se déplacent peu. La première année, une simple cuvette en plastique ou en bois suffit - les dimensions dépendent du nombre d'animaux : 30 x 60 x 20 cm ou 40 x 80 x 20 cm. Elle doit être légère et facile à passer par les portes, afin d'installer les jeunes sur le balcon ou dans le jardin pour qu'ils profitent des journées ensoleillées.

L'humidité

Les jeunes tortues recherchent des micro-milieux humides, s'enfouissent souvent dans le sol et mènent une vie cachée. On déposera donc dans la cuvette un mélange terre-sable, profond de 7 cm environ. Un tiers de la surface servira au repos, un autre aux bains de soleil et le dernier au nourrissage. Dans le premier tiers, le substrat devra être maintenu légèrement humide, notamment la couche inférieure. Avec une alimentation riche en calcium, l'humidité du sol est nécessaire au développement d'une carapace sans irrégularité. Un lit de paille, de foin ou de feuilles retient l'humidité et permet aux animaux de se cacher. Les jeunes sont baignés une ou deux fois par semaine, plus souvent pour les espèces de climat humide ; on peut aussi mettre une cuvette d'eau à leur disposition.

Risques d'hyperthermie

Il n'est pas rare que la température des jeunes tortues augmente de manière excessive (hyperthermie). C'est pourquoi on recouvre la zone de repos de plaques opaques faciles à démonter. L'humidité se conserve mieux, le lieu est constament ombragé.

Protection contre les prédateurs

Plus vulnérables, les jeunes doivent être protégés des chiens, des chats, des fouines, des corneilles et des pies par un grillage amovible qui recouvre les autres parties du terrarium. Les mailles doivent être assez grandes pour permettre l'introduction d'aliments végétaux.

Chaleur et alimentation

Les jeunes ont besoin de plus de chaleur et mangent plus. Afin qu'ils aient toujours de la nourriture fraîche à leur disposition, même en notre absence, on peut semer des plantes de prairie dans la zone de nourrissage. Si les tortues sont souvent installées dehors, au soleil du matin et de l'après-midi, une lampe à infrarouges suffit. La puissance et la distance de la lampe seront choisies de manière à ce que, dans la partie la plus chaude de la zone sèche, la température atteigne 40 °C. A la tombée de la nuit, on éteint la lampe ; à partir de novembre, le terrarium doit être chauffé à 10-15 °C pendant la nuit. La durée de chauffage est réduite progressivement à mesure que l'on approche de l'hiver, mais on ne laisse jeûner les animaux que pendant les jours les plus froids.

Calcium, vitamines et eau


Le rapport calcium/phosphore doit être de 3/1. Si la proportion de calcium est insuffisante, celui-ci est puisé dans le tissu osseux, ce qui se traduit par la formation d'écailles saillantes sur la dossière. Il faut donc éviter de donner trop de fruits, et seulement des abricots, des mûres, des kiwis ou des papayes. Plus rarement (1-2 fois par mois seulement), les tortues ont besoin d'aliments animaux. Afin que l'organisme puisse absorber le calcium, il faut de la vitamine D3. Celle-ci se forme sous l'action des ultraviolets, à partir de précurseurs présents dans la peau. D'où l'importance d'exposer les jeunes tortues à la lumière solaire non filtrée (à l'air libre). Enfin, on déposera dans le terrarium un os de seiche ou des débris de coquilles de moules ou de coquilles d'oeufs. Courgettes, tomates et melon viendront de temps à autre compléter l'apport en eau.

Première hibernation et premier réveil

Les jeunes tortues s'alimentent copieusement jusqu'en octobre. En novembre, on les prépare à hiberner en diminuant la durée d'éclairement et la température. L'hibernation se déroule dans le terrarium installé dans une pièce légèrement humide à 6-10 °C, et dure 2-3 mois. A cette période, on ne trouve pratiquement plus de végétaux frais nutritifs.
Pour réveiller les tortues, on installe le terrarium à partir de fin février dans une pièce lumineuse pendant les journées ensoleillées. Début mars, on allume de nouveau la lampe en augmentant progressivement la durée. Le soleil et la chaleur, associés à une nourriture abondante, provoquent une nette poussée de croissance au printemps.

Taille, croissance et espérance de vie

A l'éclosion, les jeunes des quatre espèces du genre Testudo ont des tailles et des poids légèrement différents : quelques jours après la naissance, les Tortues d'Hermann orientales mesurent (tête et membres sortis) 30-34 mm et pèsent 10-12 g ; les Tortues Levantines 32-36 mm pour 12-15 g ; les Tortues Bordées 32-35 mm pour 12-15 g ; et les Tortues des Steppes 30-35 mm pour 12-16 g.

Au bout d'un mois à peine, on constate la première poussée de croissance, au niveau des sutures des écailles. Elle est encore plus nette au niveau des rebords de la carapace. A un an, les Tortues d'Hermann mesurent normalement 48-53 mm pour un poids de 25-35 g, puis 56-60 mm pour 48-65 g à deux ans et 75-85 mm pour 95-150 g à trois ans. La Tortue Levantine et la Tortue Bordée croissent un peu plus vite. Chez le genre Testudo, les femelles croissent plus vite que les mâles, ce qui n'est pas le cas de tous les genres de tortues terrestres. A l'opposé, les mâles de la Tortue Sillonnée (Geochelone sulcata) pèsent deux fois plus lourd que les femelles.

En grandissant, la carapace change de forme et de coloration : elle s'allonge et s'assombrit. Un changement plus manifeste apparaît lorsque les tortues atteignent la maturité sexuelle. Chez la Tortue d'Hermann orientale, en particulier, la queue des mâles est plus longue et plus épaisse. Vers l'arrière, les écailles marginales de la dossière sont relevées et la supra-caudale est rentrée en dedans. Chez la femelle, les écailles sont droites.

Vers la dixième année, la croissance ralentit et s'arrête lorsque la carapace mesure 15 cm environ. La longueur est toujours mesurée entre le point le plus antérieur et le point le plus postérieur de la carapace. Dans la nature, la Tortue d'Hermann orientale mesure en moyenne 13-16 cm (mâles) et 15-18 cm (femelles) ; les individus les plus grands mesurent entre 19 et 21 cm, suivant le sexe. La Tortue Levantine est un peu plus grande, la Tortue Bordée atteint en moyenne 25-28 cm de long, la carapace postérieure des mâles montrant une forme de cloche typique.

Dans la nature, l'espérance de vie des tortues terrestres est étonnamment basse. 40 à 95 % des oeufs sont dévorés par les prédateurs. Le taux de survie des jeunes est de 10 à 55 % ; à 10-15 ans, le taux de mortalité est de 5-10 % chez les adultes. Une génération est entièrement renouvelée en 20 ans, et les tortues de 30 ans sont rares. On sait avec certitude que les tortues européennes peuvent vivre 50 à 100 ans, probablement plus pour la Tortue Levantine. Les records de longévité sont atteints par les tortues géantes, dont certaines sont âgées de plus de 200 ans.

Malheureusement; malgré l'absence de prédateurs, l'espérance de vie des tortues de compagnie est souvent inférieure à celle de leurs congénères sauvages, principalement en raison des soins inappropriés. Mais le nombre croissant de reproductions réussies en captivité témoigne d'une prise de conscience grandissante, et les statistiques d'âges montrent une évolution réjouissante.
Griffon en ballade
Tortue Cerbère